jeudi 11 août 2011

Dette cetera

Photo : Lissy Elle

Comme je n'avais pas grand chose d'aussi funky que des vacances à Miami à vous raconter ces derniers temps, je me suis dit que, quitte à ce que vous soyez déçu par le post suivant, je pouvais tout aussi bien en profiter pour vous parler boulot. J'ai parfaitement conscience de n'être pas fun, sur ce coup-là, donc vous pouvez arrêter de lire, je ne vous en voudrai pas. Je continue pour les warriors.

Je ne sais pas si vous avez suivi, mais mon boulot consiste à comprendre les tenants et les aboutissants de la politique budgétaire au Etats-Unis. Du coup, je suis bien occupée ces derniers temps, puisqu'il se trouve que, depuis que je suis arrivée, il semblerait que les questions budgétaires soient en crise permanente.

D'abord, on a évité de justesse un shutdown du gouvernement, la semaine où je suis arrivée. Le contexte idéal pour entrer en poste, donc ! ^^ Après quelques rebondissements tout au long du printemps, le mois de juillet a été rythmé par la crise politique liée au relèvement du plafond de la dette. Pour ceux qui n'auraient pas suivi, il y a une loi qui interdit au gouvernement américain de s'endetter au-delà d'un certain montant (14 300 milliards de dollards avant le 2 août, 15 200 aujourd'hui). Et quand le plafond est atteint, le Congrès vote une nouvelle loi pour changer le montant du plafond. (Non, ce n'est pas nécessairement rationnel, mais contentons nous de comprendre la situation.) Traditionnellement, c'est un vote ultra partisan : le parti qui est au gouvernement vote majoritairement oui, alors que le parti de l'opposition vote systématiquement non. (Et à la suite d'une alternance politique, ceux qui avaient voté non la dernière fois votent oui et vice versa.) Remonter le plafond de la dette est habituellement une simple formalité de routine, mais voilà, la crise politique de cet été découlait de la configuration politique particulière actuelle (Maison Blanche + Sénat pour les Démocrates et Chambre des Représentants pour les Républicains. En gros. En très gros.) Ce qui signifie que les Démocrates ne pouvaient pas décider eux-même de relever le plafond de la dette sans vote Républicain. Et que donc les Républicains ont usé de leur position de force pour obtenir des contreparties de la part de l'administration. Simple, finalement.

Très simple, et pourtant, quand on y pense, on a évité de justesse un défaut de l'Etat américain sur sa dette et le débat politique a été bloqué pendant des semaines sur cette question... Je trouve ça complètement dingue qu'un pays aussi puissant ait des institutions telles que ce genre de crise puisse arriver, et qu'une poignée de députés soient en mesure de paralyser de la sorte le fonctionnement du gouvernement.

Je ne m'étendrai pas sur la résolution de la crise, comme souvent, les principaux dirigeant ont fini par trouver un last minute deal, un dimanche (non mais un dimanche, quoi !) Et ensuite, les députés ont plus ou moins sagement voté le texte qu'on leur a proposé. Et puis Gabrielle Giffords est revenue pour la première fois à la Chambre pour voter le texte, alors ça a ajouté un peu de drama au vote, si jamais on en avait besoin.

Et puis bon, juste au moment où je pensais que j'allais pouvoir avoir un peu moins de travail, Standard&Poor's a baissé la note de la dette publique américaine, le tout sur fond de crise financière, et de scandale pour cause d'erreur de calcul. Cette décision n'était clairement une surprise pour personne, mais visiblement plein de gens ont été surpris quand même. Les marchés financiers et l'administration américaine ont aussi fait comme s'ils étaient surpris, et P. Krugman a critiqué la décision de S&P avec des arguments dont la pertinence m'échappe.

Finalement, j'ai bien fait de ne pas prendre de vacances cet été. Non parce que je me plains que j'ai beaucoup de travail, mais finalement, c'est quand même en temps de crise que mon boulot est le plus fun. Quand tout se passe bien, mon boulot consiste à écrire des notes inutiles que personne ne lit. Alors qu'en ce moment, vu le nombre de réponses que je reçois à chaque note publiées, je me sens un peu utile, quand même. Et c'est cool, parce que ce boulot, je l'ai choisi parce que je voulais sauver le monde être utile, justement !



J'ai hésité à illustrer ce post avec une photo de Tim (Geithner), de loin mon ministre préféré, ça aurait été dans le ton, mais finalement, je me suis dit qu'avec un post aussi lourd, vous aviez bien mérité un peu de poésie. 

2 commentaires:

  1. Mais qu'est-ce que tu fabriques à lire le blog de Georges Ugeux aussi ? Il n'arrête pas d'y publier des conneries plus grosses que lui... Enfin, c'est toujours éclairant de constater à quel point les acteurs du marché peuvent être incompétents en macro, mais pour ajouter un peu de piment à tes analyses, ce post est beaucoup mieux (http://economicsofcontempt.blogspot.com/2011/08/on-s-downgrades-and-idiots.html)

    RépondreSupprimer
  2. Ahhhh? un article de fond, j'osais pas te le dire mais cela manquait un peu dans ton blog!! (parce que les pétasses de Miami avec leur loubout' de 15 et leur trikini en lamé, moi perso j 'en avais ma claque!)
    j ai le droit de demander qui c'est la Gabbi Giffords?
    dans l'attente d'"une information claire loyaleet appropiriée, adaptée à mon niveau de compréhension"*, je te salue bien bas!
    *c'est ce qu'on dois mettre en début de réponse dans nos cas clinique quand la question est que dite vous au patient ?

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.