dimanche 29 janvier 2012

State of the Union


Mardi dernier, Obama faisait son discours annuel de politique générale, appelé State of the Union. Pour fêter ça, je suis allée dans un bar avec des amis ; il y avait une soirée organisée par une association de jeunes démocrates. Au programme : boire des mojitos, rencontrer des gens, et regarder le discours d'Obama sur un grand écran. J'imagine que pour toute personne extérieure à l'ambiance de Washington, ça doit sembler trop pourri comme soirée. Mais ici, le combo alcool, small talk et politique fait fureur ! (J'ai même croisée des copains par hasard à cette soirée qui m'ont dit : "toi aussi, tu as cherché sur google quel est le meilleur endroit pour regarder State of the Union ?") Bref, même si on n'a pas réussi à trouver de mari*, on a passé une bien chouette soirée. En plus de picoler (juste un peu) et d'écouter Obama, on :

- a commenté les entrées dans la salle du Congrès comme on l'aurait fait pour le mariage de Kate et William si l'on avait eu le courage de se lever à 4h du mat pour le regarder : "Vise le fake tan de Boehner !", "Tiens Gabrielle Giffords est venue !", "Hiiiiiiiiiii !!!!!!! Voici Timothy Geithner !", "Michelle, you're hot !"

- s'est laissées emporter et on a crié malgré nous lorsqu'Obama a promis de se battre pour l'égalité entre hommes et femmes (parce que c'est important, l'égalité des sexes, vous voyez)

- a applaudi de bon coeur, même quand Obama a promis que "America is back", sans vraiment réaliser qu'on n'était pas américaines

- a hué Cantor (un républicain) quand la caméra s'est arrêtée au moins 5 minutes sur lui (en même temps, il faisait la gueule alors qu'Obama expliquait un projet auquel les républicains sont hostiles)

- a trouvé que, quand même, les Américains ont le sens du mélo : Obama mentionne le fait que Warren Buffet ne devrait pas payer moins d'impôts que sa secrétaire, et là, justement, gros plan sur la secrétaire de Warren Buffet qui est dans la salle

- s'est moquées de Boehner qui, comme il était dans le champs de la caméra pendant tout le discours, ne pouvait ni sourire, ni bailler, ni montrer qu'il était énervé, et surtout, qui ne pouvait pas ne pas applaudir!

- et enfin, on a rêvé d'avoir un jour un président aussi beau, aussi fort, aussi charismatique, en un mot, aussi awesome qu'Obama !

Bref, c'était une excellente soirée ! (Et si vous voulez rêver pendant une heure, vous pouvez visionner le discours en question ici.)

* C'était quand même l'occasion idéale de se trouver un mari : le futur Président démocrate des Etats-Unis de 2050 était probablement dans la salle...

jeudi 26 janvier 2012

Eléments de langages


Encore un post illustré avec des images qui n'ont rien à voir ! Pour me faire pardonner, il y a 30 points paillettes à gagner pour le premier qui saura me dire où ont été prises ces photos*.

Vous n'avez probablement pas vu passer cet article paru dans L'Express, même s'il a été relayé dans Le Monde juste après. Pour l'histoire, donc, suite à la dégradation de la note de la dette publique de la France par Standard&Poor's, le gouvernement a envoyé ces éléments de langage à toutes les ambassades. Pour les non-initiés au vocabulaire administratif, des éléments de langage, c'est un document qui indique de façon brève et précise les réponses à donner lorsque des personnes extérieures interrogent des fonctionnaires sur un sujet. Sur le principe, c'est tout-à-fait normal d'utiliser ce procédé : lorsque l'on travaille dans une ambassade, on s'exprime au nom de la France, et le diplomate lambda, tout gradé qu'il soit, n'a pas à diffuser à l'extérieur sa propre opinion de ce qu'est la position française sur un sujet et ce type de document permet donc au gouvernement d'unifier le message qui sera diffusé.

Sauf que, au milieu des instructions usuelles (c'est pas très grave, on s'y attendait, ou encore on fait des efforts niveau budget...) se glisse une petite ligne attribuant notamment la perte du triple A à la réforme des 35 heures mises en place par les socialistes. Et ça, c'est franchement scandaleux** : le gouvernement n'a pas à utiliser l'appareil administratif de l'Etat pour relayer son message politique, et ce, encore moins en période de campagne électorale.

Alors je sais bien que ce n'est pas si important, qu'on vit dans un monde où il se passe des choses beaucoup plus graves. Mais quand même, cet épisode me scandalise d'autant plus qu'il me touche personnellement. J'ai une idée très haute de mon métier qui consiste à conseiller de façon politiquement neutre le gouvernement pour lui permettre de faire les bonnes décisions. Et c'est pour moi un véritable engagement politique dans le sens noble que je veux donner à ce mot. Pas un engagement au sens où je me battrais pour faire valoir mes idées, mais un engagement au sens où, compte tenu des opinions du gouvernement légitimement élu, je travaille, au sein de toute une équipe, à mettre en place le mieux possible les choix du gouvernement. Je vois les fonctionnaires travaillant dans les ministères comme des garants de l'intérêt général, quel que soit le parti au pouvoir : leur travail est d'évaluer la faisabilité, ainsi que le coût d'une réforme, pour que les politiques puissent répondre à la seule question essentielle : "sommes-nous prêts à payer ce prix pour mettre en place nos idées ?"

Cette forme d'engagement est la seule que je me sente vraiment capable de prendre. Je ne me sens pas vraiment capable d'assumer un mandat, quel qu'il soit, la communication, convaincre des gens de voter pour moi, tout ça, je ne saurai jamais faire. En revanche, travailler dans l'ombre en aidant un gouvernement à gouverner correctement, c'est tout-à-fait approprié à ce que je sais et aime faire.

Oui, mais voilà, ce document envoyé il y a quelque jours vient un peu ébranler ma belle vocation. Juste un peu, n'exagérons rien : ce n'est que ma toute première déception professionnelle. Mais quand même : si le gouvernement pour lequel je travaille n'a pas une opinion aussi haute que la mienne du sens de mon travail et me considère comme un pion au service de ses intérêts, alors à quoi bon ?

* Bon, en fait si, il pourrait y avoir comme rapport que cet endroit abrite plusieurs lieux de pouvoirs. 30 nouveaux points paillettes pour celui qui saura me dire lesquels !

** Les diplomates s'offusquent aussi du fait que soit encensé un ancien dirigeant allemand, concurrent politique du gouvernement actuellement en place en Allemagne. Certes, ça n'est pas vraiment très fin, mais je ne suis pas diplomate, donc je m'en émeus moins.



lundi 23 janvier 2012

Un peu de théorie des jeux pt. 2


La dernière fois, je vous ai présenté la Chambre des Représentants et le Sénat comme s'il s'agissait, à chaque fois, d'un acteur unique. C'est bien évidemment une simplification abusive. A l'intérieur de chaque chambre, il y a une majorité et une minorité, mais ni l'une ni l'autre ne sont homogènes : il y a plusieurs courants parmi les Démocrates et les Républicains. Cela signifie, par exemple, que si les Républicains mainstream veulent adopter un texte, mais que l'aile droite du parti y est opposée, J. Boehner a deux options : faire un compromis pour séduire son aile droite ou faire un compromis pour séduire une partie des démocrates. Si vous avez bien retenu la répartition des pouvoirs présentée dans le dernier post, vous allez immédiatement en déduire que si J. Boehner souhaite que le texte soit effectivement adopté, il a tout intérêt à faire un compromis à sa gauche. Bien essayé, mais non ! Ce serait oublier l'objectif de gagner les prochaines élections. Faire un compromis à sa droite lui permettra de faire une démonstration de force vis-à-vis des démocrates et du public. C'est donc ce qu'il va commencer par faire dans la plupart des cas.

Les majorités et minorités étant disparates, il existe un poste génial associé à la majorité et la minorité dans chaque chambre : celui de Whip (littéralement : fouet. C'est pas génial, ça, comme nom de poste ? "Tu fais quoi dans la vie ? Je suis fouet, et toi ?") Bref, le Whip est chargé d'encourager et d'inciter tous les membres de son camp à voter ce que souhaite le leadership. (Non, mais je sais que ça t'arrange pas trop de voter ça vis-à-vis de ton électorat, mais viens avec nous, et la semaine prochaine, promis, on vote des subventions pour les agriculteurs de ton Etat...) (Ou encore : cette fois-ci, t'as intérêt à voter comme on te dit, sinon, on parachute François Fillon dans ta circonscription aux prochaines élections...)

Donc, si je résume, au sein de chaque chambre, on a en fait une multitude d'acteurs aux avis et intérêts divergents. Là où ça se complique, c'est que les avis et intérêts de chacun ne sont pas connaissance commune. Et que chacun a intérêt à ne pas révéler sa courbe d'utilité trop vite pour obtenir le maximum de compromis de la part de ses adversaires*. Cela rend donc toute négociation orale extrêmement difficile puisque chacun prétend avoir un avis plus radical que celui qu'il n'a en vérité. La seule façon de forcer les acteurs à révéler leurs préférences est donc... de les faire voter.

De ce fait, les "négociations" au Congrès prennent la forme d'un processus d'optimisation : un camp propose un texte, on voit qui vote pour et quelles sont les forces en présence. Puis, l'autre camp propose un autre texte,  ce qui permet à nouveau d'observer partiellement les préférences des votants. Le premier camp propose un nouveau texte, et ainsi de suite, jusqu'à convergence vers un équilibre qui consiste à ce qu'un texte soit finalement adopté par les deux chambres, sans que le Président n'ait annoncé qu'il utiliserait son droit de veto.

Soyons honnêtes, c'est un procédé fabuleusement inefficace et coûteux en temps : imaginez la somme de travail nécessaire pour écrire un texte de loi complet puis pour le voter !!! Et encore, je ne vous ai pas expliqué que pour qu'une chambre adopte un texte, il fallait, dans l'ordre** :
- un vote favorable du subcommittee concerné
- un vote favorable du committee concerné
- l'accord du président de la chambre pour soumettre le texte au vote
- un vote fixant les règles du débat (temps de parole, possibilité d'ajouter des amendements...) adopté avec une majorité des deux tiers (Non mais deux tiers, quoi !!! Personne n'a de majorité des deux tiers dans une chambre !!!)
- les débats en question
- le vote final

Exercice d'application

Quelles sont les stratégies strictement dominantes / dominées de chaque joueur ?
Trouvez l'ensemble des équilibres de ce jeu.
Indiquez quels équilibres sont des équilibres de Nash.
Donnez l'ensemble des équilibres Pareto dominants en stratégies mixtes. (Je suis sûre qu'il y a des mecs assez tordus au Congrès pour adopter des stratégies mixtes !!!)
Question bonus : le Congrès va-t-il renouveler les payroll tax cuts qui arrivent à expiration fin février ? Si oui,  pour combien de temps ? Et à quel prix pour les Démocrates ?

*Un peu comme au poker, où ce n'est pas tant leurs cartes que les joueurs doivent garder secrètes, mais plutôt leur aversion au risque.

**La procédure ci-dessus est un mix de celles de la Chambre et du Sénat. Les règles ne sont pas exactement les mêmes dans chaque chambre, ça serait trop simple, sinon !

mercredi 18 janvier 2012

Un peu de théorie des jeux pt. 1


Les fans de Rida Laraki* sont dans la place !!! Dans le cadre de mon boulot**, j'ai dû faire un truc auquel je ne m'attendais pas, et pour lequel, soyons honnêtes, je n'ai jamais vraiment été formée : comprendre le fonctionnement du Congrès américain, la façon dont les lois sont préparées, négociées, décidées, votées et mises en application.

Comme je suis tout sauf une analyste politique, c'est quelque chose que j'ai vraiment trouvé compliqué, et la seule façon d'y voir plus clair a été pour moi d'utiliser les outils économiques.

Quelles sont les règles du jeu ? Petit rappel constitutionnel

Les trois instances de pouvoir fédéral sont la Maison Blanche, ainsi que les deux chambres du Congrès : la Chambre des Représentants et le Sénat. Pour qu'un texte devienne loi, il faut qu'une version identique soit votée par les deux chambres puis signée par le Président. Chaque instance a donc de facto un pouvoir de veto sur chaque texte. Et ce pouvoir de veto est connaissance commune : chaque joueur sait que chaque joueur sait que chaque joueur a un pouvoir de veto... et qu'il n'hésitera pas à l'utiliser. Cela signifie que si vous voulez faire passer un projet de loi qui ne plaît pas à au moins une des institutions, vous allez devoir faire force compromis pour le faire accepter. En gros, l'institution hostile à votre texte  cherchera à monnayer son vote en vous demandant de voter en même temps un texte qui lui tient à coeur (et auquel vous n'êtes absolument pas favorable, sinon, ça ne serait pas une monnaie d'échange.) Le résultat, ce sont des amendements qui n'ont absolument rien à voir avec le sujet traité par le texte global, par exemple, un permis de construire pour un pipeline associé à une loi budgétaire (véridique) !

Le but du jeu

Là, c'est un peu flou. En théorie, il s'agit de mettre en application le programme pour lequel vous avez été élu. En pratique, il s'agit plutôt de vous faire élire (ou réélire) lors de la prochaine élection qui aura lieu au plus tard dans deux ans et actuellement dans une dizaine de mois. Nous sommes donc dans une configuration qui ressemble à un jeu à somme nulle.

Les cartes en mains des joueurs

Les Démocrates ont actuellement la Maison Blanche et une courte majorité au Sénat. Les Républicains ont la majorité à la Chambre des Représentants, mais pas non plus une majorité écrasante. Détenir la Maison Blanche signifie "être au pouvoir" et être donc responsable devant la population des décisions politique. En aucun cas cela ne signifie "avoir le pouvoir".

Voilà, nous avons placé les acteurs et les règles de base. Apprenez-les bien par coeur (interro surprise au début du prochain cours) car la prochaine fois, nous allons complexifier ces règles en y ajoutant des acteurs et des exceptions !

* Attention, ce post n'explique pas comment réussir à faire cours à 8h30 quand on a fait la fête toute la nuit, sorry !

** Oui, ceci est encore un post sérieux où je vais parler boulot. Si la théorie des jeux et le fonctionnement des institutions américaines vous donnent des boutons, fuyez tant qu'il en est encore temps !

dimanche 15 janvier 2012

New York New Yooooooork !!!!


Encore des photos que je garde depuis trop longtemps sur mon disque dur ! Après Philadelphia, c'est à New York, que j'ai rejoint Marie-Pierre, Antoine, Tonton Filou et toute la clique. L'intégralité de ces photos a été prise le premier jour, parce qu'après, il a neigé* et je n'avais pas de gants**, alors il était hors de question que je sorte mes fragiles mimines de mes poches pour prendre des photos !!!

Au programme de ce premier jour, donc, Central Park, et Midtown, avec la Public Library, Grand Central, le Chrysler building, tout ça, tout ça !

*Non mais c'était le mois d'octobre, quand même !!!!

**Qui prévoit qu'il neigera au mois d'octobre, hein, qui ?















jeudi 12 janvier 2012

Remember Philadelphia, when the world was young again*


On va chez papou, on va chez mamou, on va chez tonton Filou !!! Voici quelques photos qui datent de cet automne, quand je suis allée retrouver Antoine et Marie-Pierre chez "tonton Filou" à Philadelphie.

Philadelphie, c'est la ville dans laquelle ont été signées la Déclaration d'Indépendance et la Constitution des Etats-Unis. Et avant que Washington ne fut construite, c'est là que siégeaient les institutions fédérales. Philadelphie est donc, comme Washington, une ville où l'on va en pèlerinage patriotique / cours d'éducation civique. Vous pouvez visiter tous les bâtiments dans lesquels siégeait le gouvernement, avec des guides qui vous expliquent l'origine des institutions américaines. Comme toujours, on apprend beaucoup, à la fois sur l'histoire américaine, mais aussi sur la façon dont les américains se voient, c'est-à-dire l'histoire officielle des Etats-Unis. J'ai beaucoup de mal à décrire ça précisément, mais force est d'avouer que la grandiloquence qu'ont les Américains pour parler de leur pays et de leur histoire me fascine littéralement.

Dans la même veine, on peut voir la Cloche de la Liberté, qui, si je me souviens bien, a résonné lors de la déclaration d'indépendance. Dans la vraie vie, on ne peut pas la toucher, et la lécher, encore moins, mais... We're gonna lick the Liberty Bell !!!!! **

Rien d'autre à signaler au sujet de Philadelphie, si ce n'est que les portraits ont été pris avec l'objectif génial qu'Antoine m'avait prêté***.

* Comme ça, vous aurez, vous aussi, la chanson dans la tête. Je me sentirai moins seule !

** 30 points paillettes - mon équivalent au point galette des rois - au premier qui saura me dire quel goût a la Liberty Bell...

*** Mais maintenant, moi aussi, j'ai le même ! Yeeeehaaaa !!!!

















Philadelaphia by Emmanuelle Masson on Grooveshark

dimanche 8 janvier 2012

Mais pas des pieds


I'm back dans les bacs, guys ! J'espère que vous avez passé d'aussi bonnes vacances que moi, que vous avez reçu de chouettes cadeaux et mangé plein de bonnes choses. Pour ma part, j'ai été super heureuse de vous revoir, j'ai fait plein de pâtisserie, vu plein de bons films, regardé Sissi, aussi, parce que bon, c'était quand même les vacances de Noël, mangé tout le fromage dont j'avais été privée ces huit derniers mois, et porté en permanence le serre-tête à paillettes offert par ma soeur.

Je vous souhaite une année 2012 douce et heureuse, et j'espère de tout coeur que le projet d'un voyage à Washington figure parmi vos bonnes résolutions !