jeudi 26 janvier 2012

Eléments de langages


Encore un post illustré avec des images qui n'ont rien à voir ! Pour me faire pardonner, il y a 30 points paillettes à gagner pour le premier qui saura me dire où ont été prises ces photos*.

Vous n'avez probablement pas vu passer cet article paru dans L'Express, même s'il a été relayé dans Le Monde juste après. Pour l'histoire, donc, suite à la dégradation de la note de la dette publique de la France par Standard&Poor's, le gouvernement a envoyé ces éléments de langage à toutes les ambassades. Pour les non-initiés au vocabulaire administratif, des éléments de langage, c'est un document qui indique de façon brève et précise les réponses à donner lorsque des personnes extérieures interrogent des fonctionnaires sur un sujet. Sur le principe, c'est tout-à-fait normal d'utiliser ce procédé : lorsque l'on travaille dans une ambassade, on s'exprime au nom de la France, et le diplomate lambda, tout gradé qu'il soit, n'a pas à diffuser à l'extérieur sa propre opinion de ce qu'est la position française sur un sujet et ce type de document permet donc au gouvernement d'unifier le message qui sera diffusé.

Sauf que, au milieu des instructions usuelles (c'est pas très grave, on s'y attendait, ou encore on fait des efforts niveau budget...) se glisse une petite ligne attribuant notamment la perte du triple A à la réforme des 35 heures mises en place par les socialistes. Et ça, c'est franchement scandaleux** : le gouvernement n'a pas à utiliser l'appareil administratif de l'Etat pour relayer son message politique, et ce, encore moins en période de campagne électorale.

Alors je sais bien que ce n'est pas si important, qu'on vit dans un monde où il se passe des choses beaucoup plus graves. Mais quand même, cet épisode me scandalise d'autant plus qu'il me touche personnellement. J'ai une idée très haute de mon métier qui consiste à conseiller de façon politiquement neutre le gouvernement pour lui permettre de faire les bonnes décisions. Et c'est pour moi un véritable engagement politique dans le sens noble que je veux donner à ce mot. Pas un engagement au sens où je me battrais pour faire valoir mes idées, mais un engagement au sens où, compte tenu des opinions du gouvernement légitimement élu, je travaille, au sein de toute une équipe, à mettre en place le mieux possible les choix du gouvernement. Je vois les fonctionnaires travaillant dans les ministères comme des garants de l'intérêt général, quel que soit le parti au pouvoir : leur travail est d'évaluer la faisabilité, ainsi que le coût d'une réforme, pour que les politiques puissent répondre à la seule question essentielle : "sommes-nous prêts à payer ce prix pour mettre en place nos idées ?"

Cette forme d'engagement est la seule que je me sente vraiment capable de prendre. Je ne me sens pas vraiment capable d'assumer un mandat, quel qu'il soit, la communication, convaincre des gens de voter pour moi, tout ça, je ne saurai jamais faire. En revanche, travailler dans l'ombre en aidant un gouvernement à gouverner correctement, c'est tout-à-fait approprié à ce que je sais et aime faire.

Oui, mais voilà, ce document envoyé il y a quelque jours vient un peu ébranler ma belle vocation. Juste un peu, n'exagérons rien : ce n'est que ma toute première déception professionnelle. Mais quand même : si le gouvernement pour lequel je travaille n'a pas une opinion aussi haute que la mienne du sens de mon travail et me considère comme un pion au service de ses intérêts, alors à quoi bon ?

* Bon, en fait si, il pourrait y avoir comme rapport que cet endroit abrite plusieurs lieux de pouvoirs. 30 nouveaux points paillettes pour celui qui saura me dire lesquels !

** Les diplomates s'offusquent aussi du fait que soit encensé un ancien dirigeant allemand, concurrent politique du gouvernement actuellement en place en Allemagne. Certes, ça n'est pas vraiment très fin, mais je ne suis pas diplomate, donc je m'en émeus moins.



7 commentaires:

  1. Hiiiii le Café de Chartres n'est évidemment pas à Chartres (y a pas de lieu de pouvoir là bas, lol), mais Sous les colonnades du Palais Royal à Paris !

    Hop 30 points paillettes pour So!

    RépondreSupprimer
  2. Bon alors, plusieurs lieux de pouvoirs... euh... dans ce coin il y a le ministère de la Culture, et il y a eu aussi avant les années 1980 le ministère de l'économie...

    Et de manière assez évidente le Palais Royal est un... palais royal. Comme dit wikipédia, "Charles V y établit sa résidence, donnant au palais un statut qu'il a conservé jusqu'au règne de Louis XIV". Et forcément un palais royal, bah c'est un lieu de pouvoir non?

    Je suis moins sure de mériter les 30 point paillettes bonus...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. A l'époque des trois mousquetaires c'était aussi un lieu très mal famé, lieu de perdition et de débauche... (une rue à putes quoi...) ce qui est aussi une forme de pouvoir tout compte fait !

      Supprimer
    2. Je valide pour le ministère de la Culture, par contre, le ministère de l'économie était de l'autre côté de la rue de Rivoli, au Louvre.

      Je valide aussi les vestiges du passé : palais royal et rue à putes parce que je suis trop bonne.

      Et sinon, la deuxième institution qu'il fallait donner était le Conseil d'Etat. Vous auriez éventuellement pu ajouter qu'il n'y a qu'à traverser la rue de Valois pour trouver... la Banque de France !

      Supprimer
    3. moi je m'en fiche de ne pas savoir où c'est et de ne pas avoir de points parce que je suis une princesse et quand je pète ça fait des paillettes!

      Supprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.